Psychothérapeute ou Psychopraticien : comment choisir son psy?

Fédération Française de psychothérapieLa profession de psychothérapeute est désormais réglementée en France, ce qui pourrait sembler à priori une bonne nouvelle. Pourtant, il va devenir encore plus compliqué pour les personnes qui pensent avoir besoin d’un « psy- quelque chose » de s’y retrouver dans les intitulés métiers et de s’assurer que le professionnel qu’elles rencontrent possède bien une solide formation (Voir le détail). La question se pose encore plus finement de savoir quel psy choisir, car une nouvelle appellation supplémentaire vient de faire son apparition.

Psychopraticien,

c’est désormais le titre que vont porter les nouveaux professionnels qui se forment sérieusement en psychothérapie ou qui hélas, n’ont pas satisfait aux nouvelles normes édictées par l’ Agence Régionale de Santé. « En fait, le titre de psychothérapeute a été vidé de son sens… » déplore Serge Ginger, secrétaire général de la Fédération française de psychothérapie et psychanalyse (FF2P). C’est pourquoi tous les syndicats représentatifs de l’ancienne profession « Psychothérapeute » se sont mis d’accord sur un nouveau terme, psychopraticien (qui peut éventuellement être assorti du qualificatif « certifié » ou « relationnel »), pour se démarquer du titre qui depuis 2011, est de fait, dévalué. Il ne s’agit pas réellement d’un diplôme, mais de la dénomination d’une activité professionnelle, comme celle d’ingénieur ou de chef d’entreprise, mais qui a été protégée par un dépôt à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) en 2009.
En effet, sous couvert de vouloir réglementer la profession et de protéger les patients, le nouveau titre légal de « psychothérapeute » défini par la loi d’août 2009 et le décret de mai 2010 est maintenant vidé de sons sens et réservé aux psychiatres, ainsi qu’aux médecins qui auront effectué quelques stages (insuffisants), aux psychanalystes et psychologues moyennant des stages complémentaires, à certains « anciens » psychothérapeutes qui ont plus de cinq ans d’exercice et qu’a filtré une commission très bureaucrate… Au final, on aboutit à un méli-mélo de dispositions incompréhensibles. Les connaissances théoriques sont dorénavant privilégiées par rapport à l’expérience personnelle concrète. Aussi, les fédérations ont-elles, de leur côté, clarifié leur position en valorisant le terme de psychopraticien et donnent les conseils suivants pour choisir leur école à ceux qui voudraient s’établir.

« Tous les parcours d’étude crédibles exigent que les praticiens s’engagent solidement dans une démarche personnelle de thérapie, c’est à dire qu’ils connaissent de l’intérieur le processus de guérison pour eux-même. Cela leur permet de s’assurer que la méthode dont ils veulent suivre le cursus d’études correspond à leur personnalité, à leur demande, aux espoirs qu’ils mettent dans leur futur métier. Pour obtenir le certificat de psychopraticien, ils devront suivre l’apprentissage complet d’une méthode reconnue : gestalt-thérapie, analyse transactionnelle, hypnose éricksonienne, programmation neurolinguistique, approches psychocorporelles… Ils devront se former en psychologie et en psychopathologie clinique ; avoir une supervision tout au long de leur pratique ; s’engager à se conformer à la charte de déontologie de leur profession et être accrédités par une commission nationale d’aînés et de pairs. Lorsqu’une école affiche la mention « formation certifiante », cela signifie qu’une attestation est décernée à la fin d’un cycle d’étude. Ces attestations ne sont pas reconnues par l’État, mais dans la plupart des cas par les fédérations d’une même méthode. »

Le Syndicat national des praticiens en psychothérapie (SNPPsy) et l’European Association for Psychotherapy (EAP) ont élaboré un code de déontologie. En outre, l’EAP a créé un certificat européen de psychothérapie. Pour l’obtenir, il faut avoir suivi des études supérieures (bac + 3), complété d’un parcours approfondi de quatre ans minimum, mais il s’agit d’un diplôme privé qui n’est donc pas reconnu par l’État. Pour s’engager dans cet apprentissage, ils s’assureront que l’école est un « organisme de formation agréé » : cette mention correspond à un numéro d’enregistrement délivré par la Direction régionale de la formation professionnelle.

Qu’est-ce que cela change pour les client-patients ?

C’est une clarification pour les professionnels avertis mais certainement pas pour les usagers, puisque parmi les très chevronnés anciens psychothérapeutes, beaucoup n’ont plus le droit de porter le titre et parmi ceux qui le portent maintenant, certains ne sont que des théoriciens ne connaissant pas de l’intérieur le cheminement d’un travail destiné à sortir de la souffrance psychologique et du mal-être. Il faudra encore se fier durant des années à la réputation et au bouche à oreille pour rencontrer le professionnel à qui l’on s’adressera, puisque chaque certification continuera de faire l’objet de controverses comme depuis près d’un siècle maintenant. Nous ne vivons pas dans le pays de Descartes pour rien !

Texte rédigé d’après un article de Erik Pigani (lien)

Définition comparée : psycho… quoi ?

Psychiatre :

c’est un médecin spécialiste comme un rhumatologue, un cardiaologue, un allergologue, un gynécologue. Le système somatique dont il est spécialiste, c’est le cerveau mais on ne dit pas cerveauologue. On dit iatre à la fin comme pour gériatre ou pédiatre. Il connaît bien les dysfonctionnements de cet organe qu’est le cerveau, en reconnaît les symptômes et prescrit des traitements (souvent pharmaceutiques).

Psychologue :

c’est un universitaire qui est savant dans le développement des facultés opératoires et émotionnelles chez un individu. Il peut faire des mesures de performances ou des diagnostics dans le monde du travail ou en situation scolaire, par exemple.

Psychothérapeute :

avant l’appropriation du titre par l’état en 2011, il devait être passé lui-même par l’expérience en tant que usager bénéficiaire d’une démarche de thérapie (plusieurs méthodes sont possibles), avant de se former lui-même longuement à une méthode, mais aussi à la psychologie, psychopathologie, etc. Il n’avait en général pas moins de 40 ans quand il débutait sa carrière. De plus, il s’engageait à respecter un code de déontologie, à entretenir son savoir et sa pratique régulièrement pas des séminaires de formation et à se faire superviser dans sa pratique (tout au long de sa carrière) par ses pairs ou ses formateurs. Hélas, le titre à été vidé de sa dimension expériencielle pour ne conserver que les aspects de certification théorique.

Psychanalyste :

ce n’est qu’un psychothérapeute parmi d’autres se fondant sur la méthode de la psychanalyse. Certes cette méthode est la plus célèbre et une des premières. Elle est très opérante dans certains cas mais pas plus que d’autres. Ses fondements théoriques intellectuels sont parfois encore brandis comme des dogmes.

Psychopraticien :

depuis 2011, c’est un praticien expérimenté d’abord par un cheminement personnel qui s’inscrit dans une démarche d’école, comme elle était organisée pour un psychothérapeute avant 2011 ou pour un psychanalyste. Les fédérations syndicales et professionnelles ( comme la FF2P, par exemple) en garantissent le professionnalisme.

Au final, comment choisir?
1- Tout dépend du but recherché. Si le symptôme douloureux empêche vraiment de travailler ou de vivre normalement (dépression invalidante, crises d’angoisse ou d’agressivité, obsessions, etc.) au point de nous faire prendre des risques de désocialisation, le traitement médicamenteux s’avère nécessaire, au moins temporairement. Seul le psychiatre est habilité à prescrire. C’est lui qu’il faut aller voir dans un premier temps. Mais attention, comme tous les médecins spécialistes, ils sont actuellement rares, leurs délais d’atente très longs et leurs consultations souvent rapides. Hélas, le symtôme, qui n’est qu’un indicateur de problème, reviendra sous la même forme ou une autre, dès l’arrêt du traitement, si les conditions de vie restent les mêmes.

2- Si le mal-être est grand mais qu’il n’empêche pas encore de vivre une vie sociale normale, le psychopraticien, le psychothérapeute ou le psychanalyste peuvent vous proposer d’entamer un travail en profondeur qui analyse les causes de l’apparition des symptômes (mal-être et difficultés relationnelles de tous ordres). Ce qu’on peut en attendre, c’est une plus grande aptitude à contrôler sa vie et à y trouver son confort.

3- D’autres démarches plus légères, de l’ordre de la connaissance de soi ou de l’épanouissement personnel peuvent être menée avec succès, avec l’accompagnement d’un psychologue.

Maintenant, rien n’empêche le psychologue ou le psychiatre d’avoir appris – en plus de leur métier de base – à conduire une psychothérapie, s’il en ont suivi les modalités crédibles, mais c’est un autre métier qui demande des compétentces particulières et dans ce cas, autant les afficher.

Un ouvrage de la FF2P qui fait le point sur les pratiques actuelles :

 

 

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