Récit d’une thérapie : sortir d’une faible estime de soi

Une aventure utile…

Déjà six mois que j’ai commencé ma thérapie !
Les réactions de mes proches ont été diverses, en fonction sans doute des croyances (et connaissances parfois) de chacun sur le sujet. Mes parents, eux-mêmes dans une telle démarche depuis longtemps, m’ont félicitée, encouragée, conseillée. Mon compagnon, dubitatif au début car ne comprenant pas ce que je nomme une faible estime de soi. Il respecte cet engagement avec, je pense, une certaine appréhension. En revanche, la réaction d’une amie a été révélatrice :  » Ne t’inquiète pas, je n’ai jamais cru que les gens qui vont voir un psy sont forcément des fous… « !

Le plus troublant était ma propre idée sur la question. D’une part, une réelle envie : envie de savoir qui je suis, de comprendre cette personne qui vit, agit et parle à travers moi, et que parfois je ne supporte plus. Comment les autres me perçoivent-ils ? Qu’est-ce qui attire, repousse en moi ? Suis-je « quelqu’un de bien » ? Et puis, bien sûr, ces souffrances diffuses mais assez présentes pour me fragiliser et me pousser à vouloir avancer. Comme le dit Gérard Jugnot dans le film « Oui, mais… » : « Pourquoi attendre d’être malade pour vouloir aller mieux ?  »

D’autre part, plusieurs freins me faisaient hésiter. Je les ai repoussés, les uns après les autres, comme autant de mauvaises excuses. Mon âge, d’abord. Vingt-deux ans, c’est jeune. Trop jeune ? La connaissance de soi n’a pas d’âge, et commencer maintenant m’évitera, peut-être, des années de rattrapage plus tard ! Mais c’était surtout la culpabilité (c’est le terme) de sentir qu’aucune problématique dite « grave », de celles pour lesquelles on conseille souvent les autres d’aller consulter, ne me correspondaient : pas d’enfance malheureuse, de viol, de séparation traumatisante, de deuil… Juste un petit mal-être chronique de rien du tout ! Je me suis donné ce droit de trouver moi aussi des solutions à mes problèmes, même anodins.

Voilà. Depuis six mois c’est loin d’être le bonheur, mais je ne regrette rien. Je me heurte à des « scénarios » que je n’imaginais pas. Je suis face à mon seul jugement. Mais je suis accompagnée, guidée pour passer ce miroir qui me révèle si bien. Je suis loin de l’idée que je m’étais faite de moi. Je n’ai pas crié haut et fort cette démarche intime, moi qui voulais l’affirmer pour inciter « ceux qui en ont vraiment besoin » à franchir le cap. Et surtout, je découvre à chaque séance de nouvelles choses à « travailler », comme un territoire inconnu dont on cherche à définir les limites.

Un dernier mot : je suis fière de moi. Faire cette thérapie est peut-être la démarche la plus courageuse que j’ai entreprise depuis longtemps. Et cette idée me réconcilie un peu plus avec cette personne, ce moi, que j’apprends à aimer à sa juste valeur.

Maëlle